« un monstre » c'est comme ça qu'il fallait l’appeler. Plus il essayait de feindre la normalité, plus le destin faisait en sorte de lui rappeler sa place. Il était allé à l’hôpital suite à ses multiples crises d'angoisses, et encore une fois on lui avait donné de nouveaux cachets. Des anti-dépresseurs, des calmants, des pilules aux noms enchanteurs qui n'avaient qu'un seul but : celui de l'empoisonner à petit feu pour effacer sa difformité. S'ils furent présentés comme des remèdes miracles par les hommes en blouse blanche, pour lui tout cela ne signifiait qu'une seule chose. Encore un nouvel aveu. Celui de sa monstruosité, de son aberration. Puissante instabilité émotionnelle, pulsions incontrôlées, auto-mutilation, on avait donné un nom au mal qui l'avait rendu ainsi. Borderline. La joie laissa place à la tristesse et il sombra dans la noirceur. Là où la haine envers lui-même ne faisant que s’accroître, jusqu’à ce que tout cela devienne insurmontable. Tel était son anomalie ; il ne pouvait être tempérance, il était bonheur ou malheur.

Et alors qu'il habillait sa toile d'un nouveau visage et d'une robe aux tons héliotropes, la peine devenant insurmontable, la haine de tout son être incontrôlable, son pinceau devint métallique et son bras d'albâtre fût coloré d'un liquide rouge vermillon. Rédemption. Alors que son visage se fait marquer par les traces de l'anémie, que ses forces se divisent, il peut enfin expirer de soulagement, désormais délivré du mal dont il souffrait. Châtiment nécessaire, il avait besoin de cette violence pour payer le prix de son existence.

Fatalement, le contre-coup de sa délivrance engendrait un affaiblissement drastique, il ne pensait qu'a une chose ; dormir. Mais alors qu'il commençait lentement à panser ses bras, il entendit sonner à sa porte. Avec hâte il se presse de camoufler son méfait avant de se forcer à sourire puis de mimer son euphorie habituelle avant d'ouvrir la porte à son invitée surprise. « Oh Willow, qu'est-ce qui m'amène aujourd'hui ? » il inclina légèrement la tête tandis qu'il la saluait maladroitement. « j'te sers un caf-… à boire ? » Il avait l'esprit qui divaguait, probablement parce qu'il avait avait encore une fois de plus abusé.