C'est pas pour elle que Hye Rim est là devant cette grille, à quoi bon. Elle a comprit que jamais, il ne la regardera, ne la considérera comme sa petite soeur. Non! Si elle est là, c'est pour leur mère. Cette femme qui s'occupe d'elle depuis plus de six ans et qui pleure encore son fils. Alors ce matin, la jeune fille a prit la décision d'aller le trouver, essayer de lui faire entendre raison. Après tout, elle n'est plus cette enfant qui essayait que son oppa s'intéresse à elle, elle a grandie. Vite grandie quand il l'a laissé aux mains de sa grand-mère l'année passé. Pourtant, elle arrive à se souvenir de ses gestes doux, de sa main dans la sienne avant qu'elle sombre dans un sommeil. Alors, elle attend, là devant cette grille qu'il sorte. Se mettant en retrait pour n'importuner personne. Scrutant la foule des élèves, baissant la tête dès que quelqu'un lui parle. Rougissante, ayant simplement peur.

Oppa? Il est là avec certainement des amis à lui. Hye Rim essaye de ne pas montrer qu'elle a peur. Un an qu'ils ne se sont pas vu, en un an, on change après tout. Finit l'enfant, l'adolescente, elle est devenue une jolie jeune femme qui ne se cache plus derrière de grosse lunette. Elle lui sourit, timidement, se sentant d'un coup rougir. Ferme ses yeux en se rappelant qu'il n'est pas son frère, qu'il a toujours refusé se rôle là. Alors, elle reprend une nouvelle fois. Hyung Su? Tu vas bien? Car elle veut juste savoir comment il va, juste pour dire à sa maman que son fils va bien, qu'il est heureux. Tu deviens quoi? Plus elle aura de renseignement, d'information, mieux elle pourra rendre le sourire à cette femme qui s'occupe d'elle. Alors elle le regarde, ne faisant pas attention à la manière qu'il la regarde. Elle le regarde avant de baisser les yeux vers ses pieds. Car elle se sent mal à l'aise, mal de l'importuner. Hyung Su? Tu m'aimes pas hein? Et cette question qui n'a pas besoin de réponse. Car ils la connaissent, il ne l'aime pas, il s'en fout d'elle. Alors, elle continue à lui sourire, attendant toujours ses réponses. Sauf la dernière.

Deuxième année d’études, un an qui s’est écoulé. Le brun, car oui il était redevenu brun, était à présent à la sortie du campus avec ses amis. Il se sentait bien en ce moment. Par contre lorsque son ami lui fit signe que quelqu’un l’attendait, il releva les yeux pour apercevoir Hye Rim. Il avait bien grandie, embellie et peut-être murie ? Faisant signe à ses amis de rester en retrait, il s’approcha d’elle, soulagé de constater qu’elle allait bien. La dernière fois qu’il l’avait vue, c’était avec une fièvre de béton et en train de divaguer. Il s’en souvenait parfaitement et parfois il y repensait. Que serait-il arrivé si jamais il l’avait prise dans ses bras comme elle le lui avait demandé ? Il n’en avait pas la réponse.
Il la salua d’un signe de tête avant de répondre simplement :
« Je vais bien » Il marqua une pause et demanda par politesse « Et toi ? » A en juger par son allure, elle avait l’air de bien s’en sortir. « Je suis toujours étudiant. » Elle s’attendait à quoi ? Qu’il soit devenu un gangster ? Ou bien un drogué comme la plupart ?
La dernière question ne le fit pas réagir. Il passa une main dans sa nuque.
« Ce n’est pas que je ne t’aime pas. J’ai envie que l’on reste des inconnus. C’est tout. Quand j’étais jeune, je t’ai détesté, c’est vrai, mais maintenant, je veux juste de l’indifférence. »
Il n’était pas sûr que ses paroles soient bien formées, mais en tout cas, il observa sa réaction avec attention. Où était la jeune fille qui pleurait pour un rien ?
« Tu as toujours ma photo au fond de ton tiroir ? »
Il ne l’avait pas revue depuis, mais cette découverte là lui avait permis de se rendre compte qu’elle avait désespérément essayé de l’intéresser à cette époque. Il ne disait pas ça pour l’embarrasser, c’était pour savoir si elle avait passé à autre chose, si elle avait quelqu’un dans sa vie ou bien si elle comptait toujours le poursuivre pour s’accrocher à lui, telle la gamine d’il y a des année qui lui avait accroché le bras dans la cuisine.

Se retrouver devant lui maintenant, n'est plus la même chose qu'avant. Avant, Hye Rim le voulait comme frère mais depuis la fois où elle a comprit qu'il préférait être avec une autre qu'elle, elle avait tiré un trait sur lui. Après tout, ce n'était pas comme si sa mère s'était marié avec l'homme qui a détruit sa famille et qui est le père de la jeune fille. Durant longtemps, elle n'a pas comprit, s'efforçant de ne pas comprendre qu'il ne voulait pas d'elle dans sa vie. Puis ce jour-là, quand il s'est occupé d'elle et qu'il est parti sans lui laisser un mot, elle a comprit que jamais elle aurait la famille qu'elle a toujours voulu. Sa grand-mère lui a dit tout ce qu'il avait fait. Hye Rim se souvient juste de l'odeur de son parfum et de sa main dans la sienne.

« Je vais bien » Elle hoche la tête, se disant qu'il ne fait que lui retourner la politesse. « Et toi ? » Que peut-elle lui dire? Bien entendu qu'elle va bien, parfaitement bien. Elle vit sa vie comme lui la sienne. Alors, elle ferme ses yeux s'empêcher de le détailler. C'est mal, c'est le genre de chose qu'il ne faut pas faire. Je vais bien aussi, merci de t'en soucier. C'est juste de la politesse après tout. Si il souhaitait savoir comment elle allait, rien ne lui empêchait de lui envoyer un message ou de se rendre chez eux. Elle enchaîne pour savoir ce qu'il devient. « Je suis toujours étudiant. » Haussant les épaules à sa réponse. C'est pas ce qu'elle attendait, elle voulait savoir ce qu'il devenait vraiment. Alors, elle comprit, elle lui dit cette chose, cette question qui lui tourne dans l'esprit depuis si longtemps.

« Ce n’est pas que je ne t’aime pas. J’ai envie que l’on reste des inconnus. C’est tout. Quand j’étais jeune, je t’ai détesté, c’est vrai, mais maintenant, je veux juste de l’indifférence. » Il n'aurait pas dû lui répondre. C'était qu'une question rhétorique. Ce genre de question dont on a pas besoin de réponse. Alors Hye Rim ne pleure plus maintenant. Non, elle baisse ses yeux, entrant sa tête dans ses épaules. Elle n'ose plus rien dire ou faire quoi que ce soit.Il veut de l'indifférence, c'est ainsi qu'il se comporte vis à vis d'elle depuis toujours. Elle va pour lui murmurer un aurevoir, prête à lui tourner le dos pour rentrer chez elle. C'est ce qu'elle aurait dû faire, ne pas écouter cette question. La seule question qui lui renverse le coeur.

.« Tu as toujours ma photo au fond de ton tiroir ? » Une photo? Quel photo? Puis, elle se souvient, celle qu'elle a caché dans son terroir. Celle qu'elle ne regarde plus depuis longtemps. Elle lève sa tête vers lui, rougit en même temps. Non... Oui, enfin je... La voilà prise au piège. Comment il est au courant de cette photo de lui. Alors elle repense à un des personnages qu'elle apprend à jouer. Elle se redresse, droite, s'avance vers lui, lui sourit d'une manière moins coincés,moins petite fille. Qu'est ce que ça peut te faire? Après tout, la photo, elle est à moi. Pas à lui, pas à quelqu'un d'autre. Alors je comble l'espace entre nous. Rougissante de plus belle. Ne t'inquiète pas, j'ai comprit que tu ne seras jamais le grand frère que je rêve depuis que je suis petite. Toi et moi, on est rien. Et ... Elle aurait voulu, elle aurait voulu qu'il soit là pour la consoler le jour où son premier copain la larguer comme une vieille chaussette. Qu'il lui dise qu'elle méritait mieux qu'un idiot. Qu'il la sorte comme tout les grands frères dans ses lieux si intéressant mais où elle n'ose pas mettre les pieds seule, car ça ne se fait pas pour une jeune fille convenable de se rendre dans des lieux sans être accompagné. Adieu. Théâtrelement, elle se recule de lui même si elle aurait voulu qu'il la prenne dans ses bras. Cette chose qu'il s'est refusé y a un an. Serait-il resté si il l'avait fait. Je voulais juste savoir comment tu allais. Merci de tes informations. Aurevoir Hyung Su. Alors, elle se retourne, fermant ses yeux pour réussir à reprendre contenance. Alors elle avance comme toujours, d'un pas, deux pas, trois pas. Puis elle se retourne, le regardant, lui souriant, l'admirant une dernière fois. Je te préfère en brun, oppa..

Presque amusé de voir ces rougeurs tacher la peau blanche de la jeune femme, il hocha la tête à sa réponse gênée. Puis il la suivit distraitement, quelques mètres derrière avant de s’arrêter et de dévisager ce petit bout de femme. Car elle était bien devenue une femme et devant ses yeux en plus. Il ne l’avait pas vu, et il se dit que c’était peut-être mieux.

« C’était une erreur de jeunesse » bredouilla-t-il avant de la regarder s’éloigner de lui.

Durant ces années où il ne la voyait qu’une fois par an, qu’il la trouvait agaçante, il se demandait si ils pourraient un jour éventuellement se parler normalement. C’était lui qui avait imposé ce mur, mais c’était pour se protéger. Il n’avait toujours pas reparlé à cette femme qui avait brisé la vie de famille dont il avait tant rêvé.

« Hye Rim »

C’était sûrement la première fois qu’il l’appelait par son prénom, la première fois qu’il faisait le premier pas vers elle. Il s’était avancé et serra l’écharpe de la jeune femme.

« Je te raccompagne. Il fait nuit et froid, ce n’est pas trop raisonnable pour une fille toute seule de rentrer la nuit ».

Il avança ensuite, sans se soucier du reste pour avancer vers cet appartement qu’il n’aimait toujours pas. Il s’assurait parfois qu’elle était là derrière lui à le suivre comme elle avait fait avant.

« Tu as un petit-ami ? » s’enquit-il avec calme.

Après tout, elle était jolie, très jolie et l’enfoiré qui oserait lui faire du mal serait vraiment le dernier des imbéciles sur Terre. Il fronça les sourcils, se demandant pourquoi il pensait à ça. Néanmoins, il attendait la réponse avec une certaine appréhension. Si elle avait trouvé quelqu’un, elle aurait définitivement mis une croix sur lui. Des années avant, il en aurait été ravi, mais maintenant, il n’était pas certain de pouvoir résister au charme de cette fille. Il serra son poing dans sa poche de manteau, prétendant le froid, mais il était partagé.

Hye Rim était une fille adorable, sûrement. Elle avait l’air de se soucier beaucoup des autres, mais se souciait-elle assez d’elle-même ? Sur ce point, sa mère était peut-être pas si mal. Arrivé devant l’appartement, il la regarda depuis le couloir.

« A plus tard peut-être »

« C’était une erreur de jeunesse » Elle lui sourit encore plus, avant de partir, reprenant le chemin de l'appartement. Hye Rim c'est le genre de fille qui a peur de tout, de son ombre même. Alors pour se cacher, elle frôle les murs. Elle entend son coeur résonné dans sa poitrine. « Hye Rim » C'est sa voix à lui qui l'arrête. Les battements de son coeur s'accèlèrent, c'est étrange d'entendre son prénom de la bouche de celui qu'elle a essayé durant longtemps d'attirer son attention. C'est un doux son, un son qui la fait sourire. Alors elle se retourne vers lui, le regardant s'approcher. Le laissant serrer son écharpe autour de son cou. Elle a rêvé d'un moment comme ça, d'un moment où Hyung Su ferait attention à elle. « Je te raccompagne. Il fait nuit et froid, ce n’est pas trop raisonnable pour une fille toute seule de rentrer la nuit ». Elle écarquille les yeux surprise, avant de lever la tête vers le ciel. Il fait noir, depuis quand il fait sombre. Elle l'a attendu si longtemps, juste pour qu'il lui dise qu'il voulait de l'indifférence entre eux?

Hye Rim le regarde avancer, laissant une distance entre eux. Pourtant son coeur bat la chamade, il a fait le premier pas. C'est lui qui est venu la voir, qui veut la raccompagner. Elle sourit sous son écharpe en le suivant à distance. Après tout, son rêve va se réaliser. Hyung Su, était là. Peut être juste ce soir mais il était là, la raccompagnant.

« Tu as un petit-ami ? » La question la surpris, ce qui l'obligea à s'arrêter un instant. Un petit-ami? Elle? Il l'avait bien regardé. Elle s'avance vers lui, perdue dans ses pensés un court instant. Il en a préféré une autre. Pas de tristesse, pas de joie non plus. Juste une fatalité. Repenser son ex copain, ne lui fait plus rien. Après tout, quelqu'un est fait pour elle dans ce monde. Elle lance un petit regard en coin à Hyung Su essayant de savoir si il était aussi en couple. Et c'est là, qu'elle ressentie une nouvelle fois, cette pointe de jalousie.

Elle ouvre la porte de l'appartement vide. Son père et sa belle-mère sont partis ce matin pour affaire. Elle hésite de lui proposer de rentrer. « A plus tard peut-être » Hye Rim le regarde partir, avant de courir après lui dans le couloir, marchant à pied nu. Elle lui attrape le bras comme avant pour qu'il la regarde.Je t'attendrai demain. Puis sans lui laisser le temps, elle pose ses lèvres contre la joue de l'homme qu'il est devenu avant de courir s'enfermer chez elle. Se laissant glisser contre la porte, elle sourit idiotement. Avant de se lever, se rendre dans sa chambre et sortir cette photo du tiroir pour la poser sur son bureau. Hyung Su, venait enfin de faire attention à elle.

***

Cette fois-ci, Hye Rim a son sac de cours, elle s'est dépêché pour ne pas le rater à la sortie. L'avantage dans le cursus qu'elle a choisit c'est qu'elle a cours quand ça lui plait ou quand un professeur est présent. Le plus souvent, ils répètent à plusieurs une pièce, une réplique, un scénario d'un film ou d'un drama. Mais aujourd'hui, elle avait la tête ailleurs. Est-ce qu'il sera là? Elle jette un regard dans un rétroviseur pour vérifier qu'elle est mignonne. Avant de l'attendre au même endroit qu'hier soir. Appuyer contre le mur, elle est plongée dans une revenue sur la comédie. Hyung, elle est pas mal ta copine. Tu nous l'as présente? Elle ne lève pas sa tête, se cachant même. C'est vrai qu'il a une vie et qu'elle n'en fait pas partie. Alors, elle ne bouge pas, faisant comme si elle ne le voyait pas.

Hyung Su avait passé la soirée dehors cette nuit là. Une rave, et il doit dire qu’en ce moment il en avait besoin. Le lendemain avait été plus dur bien sûr, mais c’est sans compter les amis du jeune homme qu’il passa la journée sans encombre, jusqu’à ce qu’ils abordent le sujet de Hye Rim.

« Hyung, elle est pas mal ta copine, tu nous l’a présente ? » fit un de ses amis.

Il était énervé, pourquoi ? Il n’en savait rien. Pour lui, c’était parce qu’il connaissait bien ses amis et  les imaginer avec sa soeur le répugnait. D’ailleurs, il grimaça.

« Jamais de la vie. » finit-il par marmonner agacé.
« Oh allez ! Elle est tellement mignonne »
« Mais dégage, si tu veux vraiment lui parler arrange d’abord ton comportement »

Ils passèrent devant Hye Rim sans faire attention, et Hyung Su s’énervait toujours contre ses amis qui le chariaient sur son comportement avec la dite petite-amie dont il n’avait même pas nié.

« Ah, j’ai oublié quelque chose » dit-il en tâtant sa poche. « Allez-y, je rentre de toute manière »
« Oh…ok, eh ben bonne soirée ? »
« C’est ça »

Lorsqu’ils partirent, Hyung Su laissa un soupire s’échapper de sa bouche puis il fit demi-tour avant de se planter devant Hye Rim, baissant son bouquin.

« Tu n’es pas très discrète. » fit-il en la regardant. « Qu’est-ce que tu fais ici ? »

Il ne s’attendait pas vraiment à la voir ici, mais disons que le fait qu’elle tienne son bouquin à l’envers lui avait mis la puce à l’oreille d’où le fait qu’il ai inventé une excuse pour se débarrasser des autres babouins. Il regarda l’heure et lui fit signe d’y aller.

« Je t’ai déjà dit de ne pas traîner toute seule. Les gens sont dangereux. »

Il parlait bien en connaissance de cause, fréquentant déjà des endroits mal famés il savait que la fac n’était pas un endroit très sûr, surtout pour des jeunes filles comme elle qui étaient du genre peureuses et naïve. Naïve, mon dieu, elle l’était assez.

Lire? Vraiment? Hye Rim le regarde, l'observe se pensant discrète. Elle se recule, voulant disparaître dans la pierre quand il s'approche d'elle. Elle lève sa tête vers lui, quand le magazine lui est arraché des mains. « Tu n’es pas très discrète. » Un sourire étire ses lèvres avant qu'elle hausse les épaules. Son regard sur lui, elle récupère son bien, qu'elle range dans son sac. « Qu’est-ce que tu fais ici ? » Je t'attends comme dit hier.

D'un coup, Hye Rim se demande si elle a fait une bêtise. Pourtant, il n'a rien dit. Quoi qu'elle ne lui a pas laissé le temps de dire quoi que ce soit, vu qu'elle est partie ne voulant pas qu'il lui dise non. Tu es mon oppa, j'ai le droit de te voir si tu ne veux pas. Elle se redresse, s'approchant de lui. Juste à quelques centimètres de lui, elle ressent sa chaleur et étrangement elle se sent bien. Comme si elle était heureuse qu'il soit là, qu'il se préoccupe d'elle. Car il tient un peu à elle, sinon, pourquoi l'aurait-il raccompagné hier soir? Elle sourit encore en voyant son geste. « Je t’ai déjà dit de ne pas traîner toute seule. Les gens sont dangereux. » Et s'accroche à son bras, colle sa joue contre sa veste. Là, elle est encore mieux avant de le regarder et de murmurer. Oppa est là pour me protéger

Hye Rim ne le lâche pas, elle reste près de lui marchant à son rythme. Sauf qu'elle ne veut pas rentrer. Après tout, il ne lui arrivera rien, il est là pour la protéger. J'ai faim. Son ventre se met à gargouiller au même moment. Tu manges avec? Cette question elle la lui pose remplit de vie, de joie. Manger avec Hyung Su, elle en a rêvé. Avant de soupirer. Je dois faire les courses, y a plus rien. Mais tu veux manger quelques choses en particulier? Osera-t-il lui dire non? Ce mot qu'il a de trop nombreuses fois utiliser pour elle, juste pour elle.

Et voilà que parce que Hyung Su avait été galant pour la ramener chez elle et lui faire la parlotte qu’elle prenait ses aises, ce dont il n’appréciait pas. Ennuyé, il dégagea son bras.

« Ne prends pas tes aises. » dit-il avant de regarder devant lui pour avancer. « Je suis attendu ce soir. Je te raccompagne et c’est tout »

Il n’avait pas envie d’avoir sur la conscience une quelconque agression sur femme seule la nuit. Séoul était certes sûre comme ville, mais elle restait jeune et complètement naïve. Il soupira doucement avant de se tourner vers elle.

« Pourquoi tu veux absolument me voir ? Je n’ai rien de spécial, ok ? Ne perds pas ton temps à venir ici, je suis assez occupé »

Il n’avait pas envie de faire de la garderie, vulgairement parlant. Il voulait juste vivre sa vie. Ce soir il devait aller à une rave party de la YZ, chose dont il allait fréquemment. C’était sa manière de se détendre, de trouver un échappatoire à sa vie merdique et il ne comptait pas le faire savoir à la demoiselle. Il n’avait pas envie qu’elle lui fasse de remarque quant à son mode de vie. Il était assez grand pour savoir s’occuper de lui-même. Il l’avait toujours été.  
Marchant en silence vers l’appartement où Hye Rim vivait, il ne dit pas un mot, se contentant de marcher et de regarder droit devant lui. Venait-il une fois pour toute de lui faire comprendre qu’il ne comptait pas encore la faire compter dans sa vie ? Il n’en était pas sûr. Vu le caractère têtu de cette fille, il se dit plusieurs fois que le seul moyen de lui faire comprendre était de se comporter comme un vrai salopard. Il n’avait aucun remord à se comporter comme tel. Comme un signe de rébellion et de ras-le-bol, il ne se laissait plus marcher sur les pieds, et ce n’était pas elle qui allait le terrasser comme ça.

Arrivé devant l’immeuble, il s’arrêta.

« Ce n’est plus la peine de m’attendre »

Il lâcha ceci de but en blanc, la fixant avec sérieux.

« Ne prends pas tes aises. Je suis attendu ce soir. Je te raccompagne et c’est tout » les paroles font mal à Hye Rim, elle pensait qu'il l'avait enfin accepté. Alors pourquoi? Ses yeux s'agrandissent sous le choc, et comme à son habitude, elle baisse la tête. « Pourquoi tu veux absolument me voir ? Je n’ai rien de spécial, ok ? Ne perds pas ton temps à venir ici, je suis assez occupé » Je... Si elle savait pourquoi elle voulait le voir. Depuis la première fois que leur regard se sont croisés, elle a se besoin qu'il la regarde, qu'il la protège. Tu comprends pas ! Bien entendu qu'il ne peut pas comprendre,vu qu'elle même ne connait pas les raisons.

Ils avancent, Hye Rim trainant derrière lui, trainant des pieds tout en jetant des coups d'oeil partout sauf sur lui. Boudeuse, elle ne dit aucun mot durant le reste du trajet. Après tout, c'est ce qu'il voulait. Elle réfléchissait surtout à la raison qui la poussait à chaque fois d'aller vers lui, en sachant pertinemment bien qu'il l'a repousserait. Devant chez elle, la jeune fille regarde l'immeuble et le jeune homme. « Ce n’est plus la peine de m’attendre »

Une nouvelle fois, elle rentre sa tête dans ses épaules. Sa gorge est serrée, elle cligne des yeux pour chasser les larmes qui risquent de sortir d'un moment à l'autre. Puis prenant simplement son courage, elle fait la seule chose qu'elle lui réclame depuis plus de six ans maintenant. Elle comble la distance entre eux, avant de passer ses frêles bras autour de la taille de Hyung Su, et de poser sa tête contre son torse. Tu me reverras plus jamais! lui dit-elle, en le regardant. Puis comme hier soir, elle le lâche avant de poser ses lèvres à la commissure des siennes. Et elle se met à courir en direction de l'entrée.

On pourrait dire qu'elle est rentrée dans l'ascenseur, sans problème. Sauf qu'un caillou avant d'atteindre le bâtiment la fait chuter. Cette chute, même si elle lui a fait mal sur le coup, ne mérite pas les larmes qui coulent silencieusement sur ses joues. C'est juste une nouvelle fois, celui qu'elle essaye de connaître, qui a réussit à la faire pleurer.... de nouveaux.

Il la regarda s’éloigner, comme gelé sur place, avant de faire un pas comme pour l’empêcher de tomber. Trop tard, elle s’était écrasée devant l’immeuble et telle une enfant perdue, elle pleurait. Il était partagé entre le fait de devoir la regarder et s’en aller, s’en aller tout court ou l’aider. Cette image de cette jeune fille qui pleurait lamentablement sur le sol lui serra le coeur. Le visage impassible, il s’avança pour la relever par le bras, l’aidant à se tenir sur ses jambes. Il ne dit rien, et inspecta ses genoux. Il était bien éraflés.

« Tu veux devenir actrice ? Fais attention à ton corps. »

Il éluda le moment précédent, composant le code de l’immeuble pour ensuite la porter telle une princesse et entrer dans le bâtiment, allant directement à l’ascenseur où il la posa. Il ne la regardait pas. Il ne voulait pas croiser son regard plein de larmes. Quelque part, il s’en voulait de la faire pleurer. Elle n’y était pour rien, mais il n’arrivait pas. Il n’arrivait pas à faire la différence entre elle, et eux. Il n’arrivait pas à la mettre à part, la traiter normalement. Son sang à lui coulait dans ses veines à elle.
Il déglutit et quand les portes de l’ascenseur s’ouvrirent, il la soutint par la taille avant d’entrer dans l’appartement, vide. Il était aussi désert que le pauvre coeur de Hye Rim. Il y pensa mais s’interdit d’y penser plus. Il n’avait jamais aimé faire du mal aux autres, mais il ne le faisait pas exprès. Cherchant les pansements et le désinfectant dans la pharmacie, toujours aussi intacte que la dernière fois où il l’avait ramenée dans sa chambre, il soupira.

« Putain…Qu’est-ce que je fous là ? » marmonna-t-il en se redressant pour aller soigner les genoux rougis.

La forçant à s’asseoir sur la chaise de bureau, il entreprit de soigner ces écorchures qui laisseraient sûrement de petites cicatrices. Il nettoya d’abord celles-ci, puis appliqua un pansement à chaque genoux, rangeant les produits, toujours sans un mot. Il n’avait rien à dire, mais il ressentait soudainement ce répugnant sentiment de regrets. Regrets de quoi ?

« J’ai fini, essaye de ne plus tomber »

Reposant les objets à leurs endroit initial, Hyung Su jeta un oeil à la jeune femme. La vérité, c’était qu’il ne savait pas comment se comporter avec elle. Il ne savait pas comment la cerner, ni comment la considérer.