ennuyée ♡ sarcastique ♡ fataliste ♡ égoïste ♡ excessive ♡ tendre ♡ sensible ♡ arrogante ♡ secrète ♡ râleuse ♡ têtue ♡ fière ♡ crue ♡ peu confiante ♡ farouche ♡ utopiste ♡ lâche ♡ insolente ♡ appliquée ♡ maniaque ♡ polie ♡ opportuniste ♡ insatisfaite ♡ calme ♡ rabat-joie ♡ perdue ♡ douce ♡ soucieuse ♡ espiègle ♡ blessante ♡ individualiste ♡ rancunière ♡ ingénieuse ♡ mélancolique ♡ protectrice.
nova c'est une poupée qu'on a fragilisée. une poupée qu'on a fragilisée au point de la casser, de la briser en mille morceaux. nova c'est des sourires qui rendent tristes, c'est un rire qui sonne faux. nova c'est un trou béant, noir, qui n'aspire qu'à se refermer. nova c'est des mots acerbes, des mots qui font mal. nova c'est l'insolence qui agace, le jeu dangereux. nova c'est la lionne peureuse, méfiante, celle que t'aimerais caresser mais qui se laisse pas faire. nova c'est la douceur, la tendresse qui s'oublie. c'est l'envie d'aimer dépassée par la volonté de haïr, c'est la désillusion qui sait plus trop où se mettre depuis qu'elle partage son trône bancal avec l'utopie malsaine. nova c'est l'égoïsme incompris, les regards désabusés. nova c'est l'ennui, c'est la sensibilité attachante et magnifique qui se fait bouffer par le fatalisme et l'envie de blesser, de faire mal. nova c'est l'amour qui sait pas comment s'exprimer.
you don't know the half of the absuse
HIER MATIN ++ « Maman, tu peux m’aider, j’arrive pas ! », se plaint la gamine qui sautille, les bras en l’air pour essayer d’atteindre le placard trop haut pour son mètre trente-deux, des paquets de biscuits dans les bras. Un rire lui répond, un rire doux, celui qu’elle aime tant et qui la fait sourire. Mais elle fait la moue, boudeuse.
« C’est pas drôle… » Et elle gonfle les joues mais retrouve vite son sourire-lumière quand les bras de la jeune femme viennent l’entourer pour la porter jusqu’à sa cible. Elle range les paquets un par un, Nova, du plus grand au plus petit parce que si c’est pas comme ça, ça lui va pas.
« T’es pas obligée de la ranger dans un ordre précis tu sais… » Encore un rire. Et elle sourit, Nova, hausse les épaules alors qu’on la fait redescendre sur Terre.
« Oui mais j’aime pas sinon… » La main douce et fine se glisse dans ses mèches anarchiques, y foutant un bordel monstre.
« T’as pas intérêt à devenir trop maniaque, toi, ça va pas me plaire. » Et Nova croit pendant une seconde qu’elle est sérieuse, sa mère, mais le sourire qui vient fendre ses lèvres rouges la rassure et la môme tire la langue.
« C’est pas poli de tirer la langue, mademoiselle… » Une pichenette effleure le bout de son nez et Nova ferme les yeux brusquement comme un chaton. Elle déteste ça. Alors elle passe ses doigts à l’endroit faussement blessé en fronçant les sourcils et sa bouche d’enfant s’ouvre pour crier encore mais un bruit sourd dans l’appartement d’à côté la freine dans son élan de rébellion. Elle tourne la tête, la gamine, regarde sa mère puis le mur.
]b]« C’est quoi ? »[/b] La jeune femme hausse les épaules, sa bouche se plissant dans une moue unique n’appartenant qu’à elle.
« C’est vide à côté t’a dit pourtant… est-ce que c’est un fantôme ? », elle demande précipitamment, effrayée.
« Hm… Peut-être, qui sait… » Un cri étouffé.
« Et il est là pour t’embêter… Il va venir la nuit et… » Deux hurlements. Celui de sa mère qui se jette sur elle en riant, celui de Nova qu’a bien cru mourir de peur. Mais elle rit. Puis on la relève et on prend sa main, tout doucement.
« Allez viens princesse, le concierge m’a dit que l’appartement avait été loué… ça doit être les nouveaux, on va aller les saluer. Et ils ont sûrement besoin d’aide d’ailleurs… » Alors elles quittent leur modeste appartement pour se pointer sur le palier d’à côté. C’est Nova qui frappe de son poing minuscule contre le bois usé de la porte grande ouverte, timide et presque cachée derrière sa mère drapée dans son long gilet de maille. On se retourne vers elles et des sourires s’échangent, des regards curieux aussi. Nova elle fixe l’autre gamine, la main maintenant accrochée à la poignée de la porte. Elle lui sourit pas mais le fond de ses prunelles pétillent.
« Ahem… bonjour, on vit juste à côté alors j’ai trouvé que venir se présenter n’était pas une mauvaise idée. », fait sa mère, souriante comme au tout premier jour. Elle pousse un peu Nova, la paume de sa main contre l’arrière de son crâne.
« Je suis Jo Mei et voici Nova, ma fille, ravie de vous rencontrer, l’immeuble manquait de jeunesse. » Et on rit un peu puis on se présente à elles et les deux femmes commencent vite à discuter de tout et de rien, de leur vie, de l’absence de mari qui les fait pas plus frémir que ça parce qu’elles se crient toutes deux indépendantes alors qu’elles portent des cartons par trois sur leurs maigres bras. Et Nova est assise en tailleur dans la chambre de la fillette, les mains qui fouillent un carton sur lequel est dessiné un smiley qui sourit, les yeux en croissant de lune, et où il est écrit un peu maladroitement
Nao.
« ‘Faudra que tu viennes jouer à la maison Nova ! », elle s’empresse de lui dire, Nao, le visage tout près du sien. Et Nova elle hoche la tête, un sourire sur le coin des lèvres.
HIER SOIR ++ Encore la même chambre. Celle de Nao. Sauf que les jouets ont disparus, que le rose sur les murs s’estompe pour devenir sale et blanc. Cette chambre c’est comme sa nouvelle maison depuis qu’y a plus personne qui l’attend chez elle, Nova. Depuis qu’son seul repère s’est fait la malle sans la prévenir du jour au lendemain, crevée dans une course de voiture à deux balles qu’a mal tourné. Elle souffle, Nova, alors que son regard accroche l’anneau argenté qui tourne entre ses doigts. Elle a envie de pleurer. Et alors on vient se glisser contre elle, on la serre, on la réchauffe un peu. On passe une main dans ses cheveux châtains, on embrasse sa tempe puis on murmure à son oreille quelque chose comme
t’inquiètes pas Nova, je suis là. Et Nova elle explose. Sa tête, son cœur. Elle se blottit contre la silhouette qui s’accroche à la sienne, qui se mêle à la sienne. On dirait une enfant. Une pauvre gamine apeurée, perdue. Elle pose sa tête sur la poitrine de Nao, elle écoute son cœur battre comme un fou alors qu’elle se met à pleurer en silence. Nao elle caresse ses cheveux, elle caresse son dos, sur et sous son sweat shirt. Elle sent ses baisers sur le haut de sa tête, sur son front.
« T’as l’droit de pleurer, te retiens pas… », on lui souffle. Et Nova elle renifle. Elle se fait pitié. Mais elle arrive pas à rester la fille forte qu’elle est devant tous les autres une fois qu’elle est seule avec Nao. Parce qu’avec elle, elle se laisse aller. Parce qu’elle est toujours plus vulnérable dans le creux de ses bras accueillant. Puis elle lui redresse la tête, Nao, l’oblige à se redresser un peu. Et les prunelles de Nova la fuient, au début, mais ses deux mains chaudes qui se posent sur ses joues trempées les ramènent vers les siennes, remplies d’étoiles, véritable repère cosmique où des météores livrent la plus grande des batailles. ‘Y a ses pouces qu’essuient ses larmes en de douces caresses et, comme un réflexe pour arrêter de se perdre dans ces orbes qui brillent de mille feux, Nova clôt ses paupières fatiguées et souffle un soupir tremblant dont elle est pas sûre de savoir la véritable signification. Mais elle a pas le temps de se poser la question ; la chaleur elle est sur ses lèvres maintenant. Et elle est douce, délicate. Elle veut pas la blesser ; elle veut la soigner. Et Nova elle rouvre ses yeux qu’une fois qu’elles se sont éloignées, les lèvres qui s’étirent maintenant en un sourire candide.
« Tu sais quoi, Nova ? On va s’en aller, on va partir… toutes les deux. Rien que toi et moi, loin de tout ça, ok ? » Et elle aimerait lui dire
non, Nova, à Nao qui lui semble si belle ce soir dans sa candeur éternelle, non parce qu’elles peuvent pas tout lâcher comme ça. Non parce qu’elle est pas la seule dans sa vie, pas la seule dans son cœur même si elle est plus sûre de rien. Mais elle attrape juste la mâchoire dans ses mains qui tremblent et dévorent les lèvres qui parlent trop ou pas assez en hochant la tête désespérément.
AUJOURD’HUI ++ son doigt presse le bouton du petit poste de radio qu’elles ont volé à la voisine, la nuit dernière, alors qu’elles avaient soudainement eu envie de faire l’amour sur du queen. Ce soir-là il y avait même eu un homme avec elles ; fantasme de Nao dont Nova rit toujours. Le fils de la gardienne, choisit par Nao parce qu’elle avait des exigences et parce que Nova, elle, s’était perdue dans son embarras avant de s’en défaire en même temps que ses fringues l’avaient quittée, aidées par deux paires de mains qui avaient effleuré sa peau jusqu’à la brûler de leurs passages répétitifs et de plus en plus pressés. Elle secoue la tête alors qu’elle s’assoit devant l’ordinateur ouvert sur une page d’un site web très connu par les hommes et les femmes qui souhaitent passer du bon temps sans bouger leur cul de leur canapé et dont elle allume la webcam.
L’hôte est entré, affiche l’écran en italique et en gras. Et alors la quelque dizaine de voyeurs présents s’affolent.
Vite, dépêche-toi. Elle sourit. Ils sont toujours impatients. Elle se lève du fauteuil en faux cuir qu’elle pousse hors du champ de la caméra d’un coup de pied habile, se penche pour écrire.
Dites-moi ce que vous voulez voir, ce soir… je suis toute à vous. Et la musique continue d’emplir la pièce, résonne sûrement assez fort pour que les voisins, un couple d’homosexuels, puissent imaginer les deux nanas perchées qui leur servent de voisines encore en train de fêter un truc à deux balles comme l’anniversaire de leur première partie de jambes en l’air dans des cabines d'essayage. Ces gars-là ont jamais pu les sentir. En même temps, ils sont déjà tombés sur Nova, seule à la maison, qui jouait de façon très peu innocente avec un flingue et devant un ordinateur (ils en avaient laissé tomber leur tarte à la citrouille parterre), alors elle leur en veut pas de les trouver bizarres.
Déshabille-toi. Elle sourit, malicieuse, et se recule pour que tout soit visible. Tout sauf son visage. Et alors elle esquisse quelques pas de danse, fait rouler ses hanches, se perd dans son univers pendant que ses doigts montent et descendent sur son ventre, remontent le tissus clair de sa chemise en coton trop lâche pour elle. Et ça dure longtemps. Jusqu’à ce que les boutons soient défaits lentement, jusqu’à ce que ses épaules se dénudent, que son dos apparaisse et que tout ce qu’il reste sur son corps ne soit qu’une culotte toute spécialement enfantine à la demande d’un spectateur qui ne cesse de spamer l’écran de
baby girl à n’en plus finir. Mais avant que l’heure ne se termine, une main brusque ferme l’écran du petit pc et Nova soupire bruyamment alors qu’elle remet sa chemise sur ses épaules sans pour autant la fermer.
« Je t’ai dit d’arrêter ça Nova, c’est quoi que t’as pas compris là-dedans ? », elle lui crache, mauvaise. Jalouse à en crever. Et elle a pris la mauvaise habitude de s’en amuser, Nova. Alors elle se mordille la lèvre inférieure en se rapprochant, glisse sa main dans la poche arrière du jean de la nippone pour en tirer un briquet qui lui sert à allumer la cigarette qu’elle a coincée entre ses lèvres.
« Et je t’ai dit que j’en avais pas envie, c’est quoi que t’as pas compris là-dedans ? » Et d’une démarche impériale elle s’installe sur le bord du balcon, à peine vêtue. Elle s’en fout, ‘y a que des vieux et les homos d’à côté. Puis elle aime bien choquer, c’est pour ça qu’elle salue le quinquagénaire d’en face qui la regarde à travers ses rideaux, elle et sa culotte rose un peu ridicule. Elle sent le regard de Nao qui lui brûle la nuque mais décide de l’ignorer. Son
métier est toujours un sujet de dispute. Et plus le temps passe, plus elles sont violentes et moins Nova a envie de se prendre la tête à essayer d’argumenter vainement.
« Tu te fous de ma gueule ? » Elle se retourne pas, elle crache la fumée en soufflant une fois de plus.
« On s’est pris la tête par rapport à ça des millions de fois ; le sujet est clôt, j’arrêterai pas. » Et alors qu’elle s’imagine déjà Nao péter un câble et saouler tout l’immeuble, ‘y a juste un rire désabusé qui vient gêner ses tympans.
« Très bien, j’me casse. » Et elle a pas le temps de lui demander si c’est une blague que la porte claque et la fait sursauter.
DEMAIN ++ retour à Séoul, Busan n’est plus qu’un souvenir.
Nao n’est plus qu’un souvenir. Et il est
terrible, celui-là. Parce qu’il lui colle à la peau, parce qu’il lui colle à l’âme. Mais Nova elle veut continuer de croire qu’elle l’a oublié, le terrible souvenir, alors elle vit sa vie avec un peu plus d’intensité qu’avant. Pourtant ‘y a c’trou béant dans sa poitrine qui l’empêche quelques fois de respirer, c’trou béant qui la ternie, qui la change. C’est plus pareil sans Nao. Quelques fois c’est mieux, d’autres pire. C’est mieux parce qu’y a plus personne pour lui hurler dessus le soir, plus personne pour la pousser dans ses derniers retranchements, plus personne pour l’abîmer à cause de leurs conneries innombrables. Mais c’est pire parce qu’elle se sent vide, elle se sent plus elle-même. C’est pire parce que maintenant, elle a besoin de se sentir vivante. Et pour se sentir vivante elle fait n’importe quoi. C’est pire parce qu’elle lui manque. Mais Nova elle essaye de se persuader que le pire c’est dans sa tête et qu’autour d’elle ‘y a que du mieux. ‘Y a les filles, aussi, pour l’aider à tenir debout. Elles le savent pas, ces gamines, mais elles sont sa dose d’oxygène. Et ‘y a tout le reste aussi. Elle en voulait plus de Séoul, Nova. C’est pour ça qu’elles avaient pris la voiture de la mère de Nao pour rejoindre Busan. Elle s’était sentie bien là-bas, toute seule avec Nao, dans leur bulle, dans leur monde. Puis un an avait suffit à la faire exploser, la bulle, et elles s’étaient cassé la gueule. Elle était partie, Nao. Elle sait pas où. Et Nova elle s’était dit qu’elle lui donnerait des nouvelles, qu’elle reviendrait. Mais un an de plus était passé et le téléphone n’avait jamais sonné. Alors Nova elle a plus voulu de Busan et elle est retournée voir Séoul. Elle aimerait la revoir, Nao. Juste pour lui montrer comme elle lui en veut, juste pour qu’elle sache combien elle a pu avoir mal. Mais en même temps elle aimerait qu’elle fasse plus jamais partie de sa vie. Ou peut-être que si, elle sait plus. Elle soupire ; rien n’a de sens.