■■■
(cheveux: blonds)

☆☆☆ petit être au regard éperdu par la démence, te voilà en cette douce soirée épris par la réalité. ton patron t'as demandé d'être présent pour un gros poisson. donner ton corps à un autre est un service comme un autre -un échange équivalent qui par la science aurait pu donner des névroses. parce que tu acceptes de te rabaisser à un certains rang pour un autre. parce que tu acceptes, de te vendre. en échange de quoi ? ta richesse naissante au détriment du reste de ton être. la luxure, ton amie -la démesure ta passion, tu termines enfin de te préparer comme demander. t'es cheveux de blés (légèrement) négligés, tu regardes l'heure. il serait temps que tu pointes le bout de ton nez, il doit être là. (...) ton supérieur t'avais indiqué qu'il t'attendrais dans l'une des salles réservées, au sein de cette maison close aux penchants pourtant si doux vue de l'extérieure. tu t'y trouves lorsqu'il le faut, lorsque tu ne le fait pas dehors. marchant les mains dans les poches jusqu'au lieu dit, tu soupires légèrement avant d'ouvrir la porte, ta présence faisant alors fuir les demoiselles qui occupaient ton client. il se trouve dos à toi, sur cette banquette pécheresse -qui t'offre sans plaisir le désir de la chaire. la porte se refermes. et te voilà seul. le jeu peut enfin, commencer. pardonnez mon retard. ta voix se veut douce, suave. un tantinet innocente par ton jeune âge camouflé sous ton corps si parfaitement bien taillé.  tu ne le regarde pas, question de principe et tu t'assoies à ses côtés, l'une de t'es fines jambes c'étant glissées sur les siennes. c'est contre lui, que tu relèves ton visage vers le siens. désirez vous quelque chose en partic... tu laisses ta phrase en suspens, ton cœur manquant un battement. lui, ici ? c'est d'une provocation et d'une vulgarité sans pareil, que tu ne tolères qu'à moitié. il a payé pour toi. tu n'as pas le droit de partir et pourtant, ce n'est pas l'envie qui te manque en cet instant précis. il n'a pas l'air de te reconnaître... lui et son état second. en profiter ? tu ne sais pas. tu es perdus. tu ne sais même plus comment agir, alors que ta main droite c'est aventuré sur le haut de son torse par réflexe. ce n'est qu'un client parmi tant d'autre... voilà ce à quoi l'on t'autorise à penser. mais tu le détestes. autant que tu l'a aimé. alors tu as mal, mais ton visage reste fermé. et tu pries. tu pries pour tenir jusqu'à la fin. jusqu'à ce qu'il parte, de nouveau.

■■■

☆☆☆le regard, vide, figé vers la glace du miroir. les mains serrées à la gorge d'une cliente régulière. pourtant, la boutique est fermée depuis une bonne trentaine de minutes... voire une heure, mais le temps est un peu flou dans sa tête. cette cliente ne venait que rarement pour réellement acheter un quelconque article de luxe à ajouter à sa collection. plus mature, plus âgée, elle était jolie, et possédait toute une collection de pilules fantaisistes. c'était plutôt elle, la vendeuse. mais elle ne demandait pas d'argent ; juste un peu d'attention, après l'heure de fermeture, chose qu'il acceptait parfois, en dépit de ce qu'il en pensait. aujourd'hui, cependant, la dose est plus élevée. ou peut-être que c'est son moral, qui fait la différence...
le regard vide se glisse vers le corps à moitié nu de la dame. il n'a pas envie d'elle, n'a jamais réellement eut envie d'elle, à vrai dire...
il tire sur son pantalon et lui jette quelques billets, un peu plus que ce que vaudrait le sachet glissé préalablement dans la poche de son veston. lui balance ses vêtements et lui donne cinq minutes pour foutre le camp. une gifle, une insulte, un roulement d'yeux, une autre pilule et il ne se rappelle déjà plus la couleur de ses sous-vêtements. il ne réalise pas non plus le temps passant entre le moment de sa sortie et le moment où il s'arrête en bordure de route pour discuter avec l'un des visages familier du monde qu'il a quitté quelques mois, années auparavant. « c'est pas comme si t'en avais pas les moyens... écoute, normalement, je fais pas comme ça. mais pour quelques billets de plus, j'ai le mec parfait pour toi... » et il lui lance un sourire sournois. il incline la tête. avoir recours à une pute, vulgairement dit, n'était pas réellement glorieux. mais fréquenter les bars gays et avoir une aventure avec n'importe quel obsédé du sexe, ça ne l'intéressait pas tellement non plus. de toute évidence, il avait un peu de mal à supporter la communauté générale... en temps normal. il acquiesce, et à nouveau, il perd le fil du temps, un bazar frénétique dans sa tête. il est sous la douche, il s'habille, il ne sait même pas où il se rend exactement mais il se retrouve miraculeusement au lieu de rendez-vous, toujours incertain de savoir si tout autour est réel... jusqu'au moment où le parfum d'un autre l'envahisse, une jambe se glisse sur la sienne, et ses sens lui reviennent après qu'il eut pris la parole. son regard trouve le sien, un automatisme défensif, et son souffle se bloque au fond de sa gorge, l'espace d'une seconde. « wow, merde... » un suspense s'installe, le temps qu'il le dévisage. non pas négativement, mais avec admiration. l'admiration de celui qui n'avait pas cru un mot de ce qu'on lui avait dit... l'admiration de celui qui est trop défoncé pour réaliser que la ressemblance est trop proche de la réalité, simplement trop. sa main se pose sur la jambe de son vis-à-vis, puis tire, juste assez fort pour le rapprocher, sans trop brimer son intimité. pour le moment, du moins. « j'avoue que c'est une première pour moi... » il baisse alors le ton et soupire, puis approche son visage du sien, ses lèvres tout près de son oreille. « tu peux danser pour moi ? » puis il s'écarte un peu, ses pupilles trop noires, trop dilatées, passant sur ses lèvres et s'arrêtant dans les siennes. satisfaire quelques fantasmes refoulés, aux dépends du pauvre travailleur sexuel.