yoshi. une appellation qui tend à sourire. la légèreté d'un personnage pixelisé et son manque de gravité malgré un monde qui s'effondre. une faculté à se placer au dessus du monde, un décalage entre la réalité et la sienne. un personnage type alien désarmant ses adversaires à la force d'un geste inexpliqué ou d'un rire déclenché par une répartie désarmante. une spécialité tornade à l'activation aléatoire qui balaie tout sur son passage. un mot, un geste, une circonstance; tout agrément l'irritant notifié d'une réplique acerbe à la voix fluette. la lécheuse bien pendue elle est difficile à faire taire, à remettre à sa place. l'ingénue aux yeux rieurs aime piquer tel le venin, pousser jusqu'à l'irritation. elle s'amuse des autres. la vie est un jeu, son jeu. celui qu'elle rythme d'alcool et de tympans abîmés, faisant de la débauche son terrain. mais elle s'en fou, rien ne lui importe. elle plane sur la société, ne se réfère qu'à son gang de filles qu'elle sait perchées sur la même planète qu'elle. elle aime à corps perdu, cachée derrière ses barrières trop effrayée de voir sa liberté lui échapper un jour.

les enceintes crient leur son éléctro, agressant sans état d'âmes les tympans usés et tapant les cerveaux catapultés dans un monde parallèle pour la nuit. ses pieds martèlent le sol,  la fine semelle de ses converses assurant l'amortit de ses sauts. la voix hurlante,  les commissures au plus haut,  paupières closes,  elle laisse son corps se faire transporter par la musique. sa dope. yoshi elle vibre. de musique et d'amour. si elle n'a pas d'homme pour assouvir ce besoin d'aimer elle peut compter sur ces filles, là, qui se déhanchent le sourire imprimé aux lèvres. ses bras s'allongent pour venir les entourer,  les rassembler autour d'elles et leur crier son amour. un moment de plénitude, de pur bonheur que sa mémoire aura effacé le lendemain. ses photos floues l'aideront à reconstituer un souvenir erroné de cet instant. ce dont elle se souviendra ce sera sa longue conversation sur les aliens avec un inconnu croisé au bar, ce semblant de bagarre après avoir lancé son verre sur une pétasse et cette arrivée en fanfare avec ses chatounettes.

ah donc t'es qu'un petit con en fait. une merde. le sifflet tranchant de ses mots tentent de pulvériser l’ego de celui qui vient de flinguer son cœur. ses prunelles le fusillent de leur intensité mais il tourne les talons. ses yeux ne la regardent plus, sa colère prend place à son calme olympien. ses mains agrippent le premier objet qui lui tombe sous la main. un pauvre string laissé là. l'absurdité de la situation est de haut niveau pourtant elle lui balance avec toute sa haine, le tissu projeté les dents serrées. arrête! le supplier ne changera rien; il son choix est fait. il ne peut plus continuer dit-il. sept mois. sept mois de relation où elle a fini par ouvrir son cœur. si sarcastique, si acide et pourtant douce, calme et câline. un chaton qui s'était décidé à ranger ses griffes et à arrêter de jouer. un tout nouveau monde encore meilleur que l'artificiel qu'elle exploite si souvent, délicieux et mielleux, s'écroule. enragée, ses doigts tremblant prennent possession du cylindre d'herbe déposé au fond de sa poche. porté à ses lèvres, la fumée efface sa fierté. les larmes coulent, les genoux recroquevillés contre sa poitrine brisent sa carapace de dure à cuir. une carapace qu'elle regrette d'avoir affaiblie, une barrière qu'elle se promet de ne plus abaisser. une porte close qu'elle dérouille de sarcasme et de sourires en coin.