☽ le roi sans couronne« jaehwa », « jaehwa », « jaehwa », un sourire qui s'est fané avec les années. il avait tout fait, c'était le parfait bae. ce cliché du gosse fortuné, qui fait croire à autrui que sa vie est un agrégat de délices. argent, pouvoir, beauté ; les trois suprêmes. il pensait être la fierté de ses parents, il réussissait tout. mais ce n'était jamais lui, alors c'était. toujours plus. c'était toujours quelqu'un d'autre, donc ce n'était jamais assez. ils continuaient de le pousser dans ses retranchements, encore, encore, encore ; attendre l'excellence alors qu'on la tient déjà entre ses doigts ? pression sur pression, effort sur effort, il s'est senti étouffé :
putain d'asphyxie psychique. première année de droit saccagée alors que les mots
si prometteur le poursuivaient à chaque recoin. déjà que la notion d'amour n'était que chimère pour son père et sa mère, les claques s'en sont suivies sur chaque erreur, sur chaque faux pas. invivable cognait son esprit, le hantait la nuit, le possédait le jour. il n'avait que dix-huit ans, il devait pourtant être encore frais sur sa quête du bonheur, mais balivernes. la société a gagné, elle l'a
étranglé, il s'est
noyé.
☽ le paradis raté
son reflet sur l'eau
déformé
son corps à la surface
immergé
les dernières brides d'oxygène
emportées
il les entend encore
opprésé
ces voix étouffantes
suffoqué
ces sourires hypocrites
étranglé
puis, elles font effet
soufflé
les pilules interdites
avalées
il ne discerne plus rien
enserré
il est serein
submergé
il est heureux
succombé
☽ le cimetière vivantle paradis raté, la mort l'a renié. il s'est réveillé, cadre médical l'entourant, emprisonné dans l'ataraxie. pas un regard inquiet, juste la contrariété. il aurait pu crever, ses parents n'auraient pas cillé.
bande d'enfoirés. la haine dévore ses entrailles, personne ne veut de lui ; pas même ce putain d'enfer. condamné à vivre une existence absolutiste, il s'y refuse pourtant. il ne veut pas bousiller cette seconde chance à vivre comme une pute soumise de la société. majeur relevé, il s'est barré. il rêve de fuite, il
concrétise.
☽☽☽mais il crève dehors, lentement. son passé le rattrape alors qu'il veut continuer de courir. le mot galère n'est pas qu'un euphémisme, c'est son salopard de quotidien, comme ceux de tant d'autres jeunes comme lui. jaehwa essaie, mais l'idée de vouloir balancer son corps sur le trafic le démange. il se dit après tout que peut-être la seconde sera la bonne. il continue de penser, de naviguer entre clarté et obscurité. les semaines passent, la faim le défonce littéralement. il a soif de cet argent dans lequel il baignait tant auparavant, il commence se laisser tomber, doucement. et s'il assujettit à nouveau ? s'il laisse ses parents encore l’enchaînaient comme un animal ? est-ce que la douleur cessera ? ou voudra-t-il une fois de plus s'abandonner dans les bras de la mort ? ses pensées le tuent, les migraines entravent son sourire, les cauchemars l'empêchent de dormir. jaehwa se cache, son apparence ne reflété qu'un salopard de marbre. ces jeunes à qui il se cogne parfois ne le cerne pas, c'est un con hermétique au cœur qui finit par être impénétrable au fil des mois.
il goûte à la solitude, il en bouffe même carrément. c'est de plus en plus dur à supporter, il est prêt à renoncer à sa liberté, quand il finit par le rencontrer lui,
jaewoo. un héros qui a besoin d'être sauvé, un gosse des rues mal-aimé par la vie lui aussi. jaewoo est la tempête, jaehwa est le léger mistral. ces handicapés des sentiments serrent leurs mains. les vents s'assemblent, ils deviennent inséparables. cet amour parental qui leur ont tant manqué, putain ils se le donnent. frères de cœur, c'est ce qu'ils sont. il respire avec jaewoo, il se sent
libre avec lui. ses maux s'envolent en sa compagnie, il se confie comme il ne l'a jamais fait. jaehwa arrive à rire, un son qu'il n'avait plus entendu depuis bail. il fume son premier joint, il partage ces précieux moments, il trouve un boulot bancal,
enfin. jaewoo c'est le remède contre sa maladie, ça l'est même peut-être trop. donc il le sait. il le sait que ça devient malsain. si les deux se soignent mutuellement, ils ne se laisseront jamais partir,
jamais.
☽ t'es qu'un fuckerun faible qui se dit fort. il dit qu'il est passé à autre chose, mais c'est pourtant toujours une boite fermée. il sait même pas où il a balancé la clé, il préfère dire qu'elle est introuvable, c'est plus facile. son passé est toujours là, quelque part par là, dans cet organe qui bat contre sa poitrine. il continue de vivre au même rythme que lui bien qu'il fasse l'hypocrite sur le sujet. il est toujours ce mec impénétrable, les secrets débordant sur sa belle gueule. il reste encore une énigme pour beaucoup, découvrir ces moments où il a été étouffé, cette fois où il a touché du bout des doigts le portail de l'éden. personne ne le sait, si ce n'est lui et jaehwa n'a pas la force. non il n'a pas la force de toujours combattre ses maux, alors il se submerger par les vices. en commençant par ces pulsions charnelles. lascif, lubrique, licencieux, il a craqué au plaisir de la chaire et n'a cessé d'y goûter ; la première étape pour l'amnésie de son histoire. puis les poumons y sont passés, d'abord par la clope, puis par les joints. car il fantasme avec eux, il se sent puissant, un sentiment indescriptible pour le faiblard qu'il est à l'intérieur. et quand il mélange les deux, il touche finalement à cet eldorado qui l'a tant recherché, le plaisir ultime. alors il ne se prive plus, il se laisse corrompre, il s'en contre-fout de l'être qu'il est désormais. jaehwa oublie, il se sent vivre,
putain. alors pourquoi arrêter ?
☽ renaissance des cendresce boulot bancal et instable l'a réussi. cet argent sale qu'il transporte, frôle ses mains et lui permettent à nouveau de vivre convenablement. six années à galérer, six années à créver dehors comme un chien. jaehwa retrouve un semblant de vie, toujours mêlé à la luxure et la drogue. les démons du passé ne quittent jamais personnes c'est bien connu, et il ne fait pas exception. deux années à présent qu'il a retrouvé un toit, qu'il rebouffe à sa faim, qu'il passe ses nuits dans un lit foutrement confortable et plus contre le par terre humide des ruelles crasseuses de séoul. tout allait bien,
trop bien pour son foireux destin. trois mois, trois foutus mois déjà qu'une de ses salopes de conquêtes a laissé ce nourrisson sur le paillasson d'son entrée. jaehwa n'y a pas cru au départ, il a pensé à une putain de plaisanterie de mauvais goût, mais il a vite compris. ce gosse qui a la même gueule que lui, c'est le sien,
bordel, aucun doutes là-dessus. il a longtemps songé à partir l'abandonner quelque part dans la ville comme le vulgaire enfoiré qu'il est, mais ce rejeton l'a-t-il mérité ? est-ce que jaehwa est aussi insensible que la mère du fiston ? après tout, il est né par sa connerie, par son impossibilité d'arrêter de culbuter, alors qu'importe à quel point c'est un salopard, ça a été plus fort que lui ; il veut pas devenir le même connard que ses deux géniteurs.
☽☽☽c'est bien beau d'ouvrir sa gueule, de prétendre d'avoir un cœur, mais jaehwa n'y connait rien. loin de vouloir lui inculquer l'éducation qui l'a reçu et l'a mené entre les portes de la mort, il veut essayer de bien faire mais il est perdu, véritablement perdu. par même où commencer, que faire ? il bosse jaehwa, il a pas l'temps de s'en occuper, d'autant plus qu'il aime pas ça de base les gosses. alors rapidement, il a pris l'allée de la facilité : embaucher un babby-siter. après tout, il gagne suffisamment d'argent désormais, combien même il a désespéré pour en obtenir. alors l'annonce a traîné pendant quelque semaines, avant de finalement avoir réponse à son désespoir de la part d'un certain dénommé
asher.
jaehwa l'a vu en personne, et les pulsions charnelles qu'il s'était promis de mettre de côté pendant un certain temps sont revenues comme un ouragan dans l'intégralité de son être. asher est divin, parfait, un véritable apollon. quand il a su que ce dernier cherché un toit, il n'a pas réfléchi plus de cinq secondes afin de lui proposer le sien, ayant goûté bien trop longtemps à cette infernale galère.
les semaines passent, asher fait un excellent travail. mais le blond ne peut empêcher les frôlements de leurs corps, de parfois passer ses doigts dans sa chevelure lisse, de le manger du regard dés qu'il a le dos tourné, de vouloir le prendre dans ses bras et dévorer ses lèvres pulpeuses. jaehwa le
désire, terriblement. et comme l'ancien gosse de riche qu'il est, quand il veut quelque chose, il finit toujours par
l'obtenir.