(@neovenus aka ivabae pour les icons) Tu t'es noyé dans le
reflet que tu voyais dans l'eau.
Pas comme Narcisse parce que tu te vouais un amour inconsidéré, mais comme celui qui se regarde dans le miroir et qui comprend à quel point il se
déteste. Tu regardes le miroir et tu crois voir ton reflet qui te sourit. Alors tu donnes un coup dans la glace et tu la brises, paniqué.
Jaewoo, oui, mais
lequel ?
Celui qui vous a souri la dernière fois que vous lui avez dit bonjour, ou bien celui qui vous a maudit parce que vous avez croisé son chemin ?
Ils ont tous les deux le même visage, tous les deux la même voix, tous les deux le même corps
et pourtant... Tu as vu un psychologue quand tu étais plus jeune et encore en foyer. Depuis tu suis un traitement qui, soyons honnête, ne marche plus tellement, parce que finalement : vous vous complétez bien. C'est peut-être ça le plus important.
Colérique, jaloux, possessif, impatient, insensible...
et sensible, doux, protecteur, sociable, drôle et sympa.
bipolaire mystérieux, rares sont les choses qui ne se contredisent pas chez toi.
Pourtant parfois tu t'attaches à ses corps qui passent, à ses voix qui te parlent et ses sourires.
Des amis, tu en as quelques-uns. Ce n'est pas un mot que tu utilises au hasard.
(@natblida pour les icons) Divine mélodie qu'est le son de tes premiers pleurs, encore vierge de toute cette débauche qui t'attendait déjà alors que tu venais à peine au monde.
Tu ne te rappelles pas du regard que ta mère avait sur toi à cet instant, ni de l'absence de ton père ce jour-là, personne ne te l'a raconté, personne ne s'est intéressé à toi. Tu es né à un mauvais moment, c'est ce qu'elle disait à ses copines qui faisaient les trottoirs en sa compagnie. Elle n'a pas souhaité avorter parce qu'elle pensait pouvoir tirer de l'argent à ton géniteur ; raté : lui non plus ne s'intéresse pas à toi. Tu le savais, tu l'avais entendu un soir alors que tu avais l'âge de l'innocence. Ce même âge où les plus chanceux que toi se font leurs premiers amis sur les bancs de l'école, ce même âge où toi tu as dû te rendre compte que tu étais seul.
Seul ;
pas complètement. Il était là
lui. Il te faisait tenir le coup, il était plus fort que toi et refusait de te voir pleurer. Tu n'étais plus seul : vous étiez tous les deux. Vous avez grandis ensemble et vous vous êtes presque confondus quand vint le moment où ta mère n'est plus jamais rentrée à la maison. Elle était simplement partie voir ailleurs, sans toi, comme elle l'avait toujours voulu.
C'est de cette manière que tu t'es retrouvé en foyer pour jeunes.
Ils avaient beau avoir des passés chaotiques, voire plus que le tien, tu ne te sentais pas proche d'eux pour autant. Et pourtant il a pris le dessus pendant une période durant laquelle tu t'es fait des amis. Quand c'était lui qui était au commande, tout était fait de manière sournoise et réfléchis et quand tu reprenais le dessus, ton esprit se distordait un peu plus à chaque fois.
Et tu es tombé dans les vices de la drogue.
Ton camarade de chambre te roula ton premier joint, il te tendit ta première seringue et c'est avec lui que tu pris ton premier rail.
Avec lui que tu fis ta
première fois.
Fils tordus, entremêlé est ton esprit, complément torturé. Les hommes ?
Jamais. Tu refuses, ton second refuse, tu finis par l'admettre, mais lui ne change pas d'avis. C'est les femmes que tu dois aimer, pas les hommes. Alors vous rejetez violemment ce qui vous effraie, la violence s'imprègne de toi et tu t'imprègnes d'elle pour ne faire qu'un. Il se fond peu à peu en toi, pour ne faire qu'un. Le même,
le seul et l'unique Jaewoo. Alors tu prends les filles comme elles sont, tu essaies de te perdre en elles autant qu'elles se perdent quand tu les pénètres, mais tu te mens à toi-même en pensant que c'est mieux ainsi.
C'est faux. Tu te veux dominant, alors tu les blesses jusqu'à ce que tu t'en lasses, tes membres te font mal à force de les user.
La débauche pour oublier, un cercle vicieux duquel tu sors, juste un moment : un moment intense où tu croises un regard qui te fait
tomber amoureux. Jihan, c'est comme ça qu'il s'appelle. Et pour ses yeux ton soleil se lève. Tu sembles presque remonter la pente, tu sembles presque te fondre dans la normalité. Presque : le mot le plus triste de nos existences. Tu étais presque assez bien pour lui, vous étiez presque heureux, tu t'en étais presque sorti.
Mais presque n'est jamais assez. « Pardonne-moi bébé... Je voulais pas, je.... Je suis tellement désolé Jihan... » Tu lui disais la voix tremblante et les yeux brillant la première fois que ta main était partie toute seule. C'était le début de la fin, tu voulais simplement vivre en le niant.
Tes mots doux finissent par se perdre dans la pluie de coups que tu assènes. Tu as recommencé à boire, à te droguer : ce n'est jamais fini ces choses-là.
Jihan pardonne tout, il revient toujours vers toi. Tu l'aimes. Trop. Possessif, jaloux, colérique, tu deviens un véritable bourreau parce que tu ne sais pas contrôler tes sentiments.
T'as jamais eu d'exemple, t'as jamais eu de relation amoureuse. Tout l'amour que tu avais à donner, reflet de tout l'amour que tu n'avais jamais reçu : tu perdais pied dans cet océan de sentiment. Tu perdais pied et c'était Jihan qui en subissait les conséquences.
Et un soir il est partit. Un soir où tu n'as pas pu te contrôler comme trop souvent pendant cette période. Un soir où tes coups viennent ajouter des marques à celles qui sont déjà présentes. Bientôt le tableau sera complètement couvert de peinture, es-tu satisfait de
ton œuvre ?
Il pleure, il a mal. Tu pleures, toi aussi tu as mal. Tu reprends tes esprits : merde. Qu'est-ce que tu as encore fait ? Tes membres tremblent tandis que tu as peur d'entendre les mots qu'il ne faut pas. Il restera, comme d'habitude, hein ?
Dites-moi qu'il restera... Tes sourcils se froncent. Cette fois c'est différent.
« NE ME TOUCHE PAS ! » et
ton monde s'écroule. Tout ce qui semblait tenir, même de façon bancale, tout s'écroule. Alors tu essaies de lui faire changer d'avis. Tes mots butent sur d'autres, tu t'emmêles, tu t'excuses, mais rien n'y fait.
Tu ne finis pas ta phrase qu'il te coupe déjà dans tes lamentations. Il n'en peut plus, il te quitte.
La personne que tu as aimé le plus en ce monde te quitte, comme tous les autres. Personne n'a jamais voulu de toi Jaewoo. Personne : sauf lui, ton autre toi qui reprend le dessus encore une fois et qui s'énerve.
Tes pupilles s'assombrissent à mesure que la colère monte en toi. Jihan tient la poignet de la porte, il veut sortir :
« P'tit enculé après tout ce que j'ai fait pour toi ? Tu vas foutre six mois en l'air pour quelques petites tapes ? T'as intérêt d'bien réfléchir avant de franchir cette porte, crois-moi. » Les mots sortent violemment. Durement. Cruellement.
Il passe la porte.
Ton poing sur le mur, encore. Les meubles qui se renversent, les verres qui se brisent. Le sang qui coule à une vitesse presque plus rapide que tes larmes.
C'était il y a deux ans.
☾☾☾
Un temps l'alcool et la drogue ont eu raison de toi. Les premiers mois ils avaient pris le contrôle de ce qu'il restait de ta vie, et puis finalement tu t'es relevé.
Tu savais qu'il n'y avait rien qui pouvait effacer ta douleur.
Mais tu trouverais un moyen de vivre avec.
Il y a eu des cauchemars, et tous les jours, lorsque tu te réveillais c'était la première chose à laquelle tu pensais.
Jusqu'au jour où, ce fut la seconde.
La
morale de l'histoire tu l'avais comprise.