(+) pétillant ~ ambitieux ~ extraverti  ~ positif ~ autonome ~ candide ~ attentif  ~ facile à vivre ~ ouvert d'esprit ~ énergétique ~ doux ~ tactile ~ respectueux ~ responsable ~ blagueur ~ innocent ~ à l'écoute ~ dynamique ~ créatif ~ rusé ~ communicatif ~  insouciant ~ serviable

(-) sensible ~ bruyant ~ enfantin ~ bavard ~ trop gentil ~ naïf ~ dans les nuages ~ perfectionniste ~ sarcastique ~ agité ~ têtu ~ loufoque ~ peureux ~  

❛❛ and i know perhaps my heart is farce,
but i'll be born without a mask❜❜

☽☽☽
Les cris et les pleurs stridents résonnent en ses tympans…les yeux brûlants de curiosité, Jihan serre la grande main de papa en s’approchant d’un pas hésitant du berceau. Jihan d’un côté, Jiko de l’autre, ils ont quatre ans, et le nourrisson qui gigote dans son lit semble irréel. « Est-ce que c’est ma petite sœur ? » il se met sur la pointe des pieds pour apercevoir son nez plissé, ses joues roses et ses petits poings fermés...il est émerveillé. Par un être aussi fragile, la raison pour laquelle « le ventre de maman ressemblait à un ballon », elle est à présent là, devant lui. Papa explique aux jumeaux qu’ils devront être sages avec elle, toujours la protéger et la chérir. La perle de la famille. Jihan et Jiko ne sont plus rois, mais ça ne semble déranger qu’un seul jumeau.

“You may be as different as the sun and the moon, but the same blood flows through both your hearts. You need him, as he needs you...”

Ils ont six ans et Jihan est un feu trop brûlant, ses sourires font de l’ombre à Jiko. Jihan aime Jiko. Il lui donne ses desserts à la cantine, espère pouvoir s’amuser avec lui dans la cours de récrée. « Laisse-moi tranquille, vas jouer avec ta bande de losers ! » et les rires, et les applaudissements, et les cris s’explose sur son visage poupin. Jiko est fier, parce que ses amis l’acclament. Jiko est fier d’avoir touché Jihan, et ce dernier s’en va s’asseoir sur un banc. La moue morose pointée sur ses pieds qui se balancent avec nonchalance. Demain, Jihan retentera.

Il déambule dans les couloirs déserts, les mains ceinturées d’un bandage jauni qu’il porte à contre cœur…papa a inscrit les jumeaux à la boxe il y a un mois, il est obligé de s’y rendre deux fois par semaines. Sans envie. Il n’a jamais aimé la violence, Jihan. Même gosse, il préférait la douceur dans les mots et les gestes, la grâce, l’élégance…rien de ce que la boxe n’a à lui offrir. De son côté, Jiko semble apprécier les poings et la violence, relâche sa frustration dans les sacs qu’il assaillit de coups brutaux. Jihan cherche des excuses pour s’échapper –parfois, il attend que son entraîneur ait le dos tourné pour s’évaporer dans les couloirs…du haut de ses dix ans, l’impertinence s’évapore dans les airs à chacun de ses soupirs. Observant les carreaux au fur et à mesure qu’il s’avance dans le silence…jusqu’à qu’une mélodie ne parvient à ses oreilles. Et il sourit sans même s’en apercevoir, se laissant guider par la musique mielleuse qui l’emmène dans une salle ouverte. Et il s’arrête dans l’encadrement de la porte, observant ces petites ballerines virevolter, les pointes tourner d’une grâce encore jamais vue…éventuellement, il y retourne tous les jours, rêvant discrètement de rejoindre ces danses galantes qu’il tente de reproduire dans sa chambre…jusqu’à que la vieille dame à l’accent soviétique s’approche de lui. « Tu veux essayer ? »  


❛❛i can hear sirens, sirens
he hit me and it felt like a kiss❜❜

Jihan avait dix-neuf ans, l'autre en avait vingt-trois. Cadet choyé par papa et maman, son chemin était droit et tracé. L'autre était bancal, la route partait en zigzag ; toxico, depressif et possessif, violent et amer...ses masques étaient multiples. Il avait d'ailleurs revêtu son plus beau lorsqu'il a attrapé Jihan dans ses filets. Les premiers mois étaient parfaits ; amant aimant, premières fois, premiers je t'aime, les pommettes brûlantes en pensant au futur. Mais les regards ont commencés à s'assombrir, les mots à se rafraîchir, et les poings à se serrer.

« T’es tellement beau, Jihan… » le bout des doigts glacés tracent des lignes givrées sur les côtes. Il est un artiste, Jihan est sa toile ; les phalanges sont les pinceaux. Nébuleuses tatouées sur sa peau basanée, les nuances bleutées sont parfaitement accordées aux tons empourprées et le vermeil décore les pulpes. Would you bleed for me ? . Les lippes de l’Homme sont marquées d’ une malsaine fierté lorsqu’il sent la Muse frémir sous son touché...enveloppés dans un drap de péchés, ses yeux rient de l'oeuvre qu'il a créée. Jihan souffre ; ses os meurtris par les dessins nocifs encrés sur sa peau, le cœur à la dérive, l’esprit dans le cosmos. Jihan a peur.
Ca a commencé par une gifle. « Je…j’suis désolé…j’voulais pas faire ça, pardonne moi bébé… » les yeux de biche et la voix tremblante avaient suffis au candide pour hausser les épaules, la joue enflammée par une main volage alors que les siennes, bien trop douces, enlaçaient l’arme du crime. « T’inquiète pas, c’est rien. » il aurait dû courir.
Il est maintenant piégé. Enfermé dans une cage d’illusions et d’espoirs éphémères, proie du marionnettiste qui noie son corps de coups et son crâne de compliments. « T’es magnifique…irréel… » des mots à demi-murmurés qui résonnent en échos dans l’esprit de l’enfant fracturé, il se contente de sourire face à cette obsession malsaine. Il doit lui faire plaisir, lui donner ce qu’il veut ; une soumission parfaite, un éternel agrément à ses paroles, sans jamais s’y opposer. Parce que Jihan a peur. Alors Jihan se rapproche de lui, ignore les picotements de sa pigmentation et dépose ses lèvres saignantes sur celles du bourreau. Lick it off my lips like you needed me. .
« Essayons de dormir un peu… » ses mots semblent simples mais ils sont pourtant choisis avec précaution ; la tête blottie sur le torse de l’amant-tortionnaire, ce dernier a les yeux clos tandis que ceux de Jihan fixent la pénombre, humides de peur. Il est trop tard pour courir ?

« Oh, ce bleu ? J’suis tombé dans l’escalier, haha ! Tu m’connais, j’suis con. Oh, celui-là ? Un accident à la danse…je sais, ça m’arrive fréquemment en ce moment. » Son bouclier de mensonges s’effrite en même temps que son âme. Ereintée par les pinceaux de plus en plus violents qui s’adonnent à remodeler le tableau. Les manches longues en été, les sourires tailladés, la voix qui tremble lorsqu’on lui demande ce qu’il lui ait arrivé. Quotidien étouffant.
« Arrête ! J’t’en supplie, arrête ! » chaque coups retournent son estomac. La scène est médiocre ; les perles rondes dévalent les joues rouges du gosse, rouges comme le liquide qui émane de son nez, rouges comme les yeux de celui qui l’a causé. Les cris se mélangent, des sanglots viennent s’y glisser, et lorsque le carnage est terminé, le même scénario se déroule devant ses yeux embrumés. « Merde, Jihan je…pardonne moi, j’ai pas réussi à me contrôler…bébé, regarde moi… » « NE ME TOUCHE PAS ! » et le film prend une tournure différente, à la grande surprise des acteurs. L’Homme est vulnérable, comme après chacune de ses crises ; implorant le pardon à travers des murmures inaudibles et saccadés…Jihan est censé sécher ses larmes et attendre qu’il le prenne dans ses bras. Lui pardonner, faire l’amour, écouter des éloges, s’endormir. Une routine à présent encrée en lui, brisée par ce soudain rejet. « Tu sais que c’est pas d’ma faute…j’suis désolé, j’recommencerai plus, j’t.. » « Arrête ! Je...je suis désolé Jaewoo, j'peux plus continuer...laisse moi passer, j'veux partir d'ici.   » les mots toujours méticuleusement réfléchis pour ne pas froisser l'autre, ils vibrent contre les parois de son gosier tandis qu'il se fraye un chemin devant l'amour foireux. Le regard de ce dernier s'assombrit, deux billes noircies s'emparent des traits souillés du gamin qui boite vers la porte. La liberté ne se joue plus qu'à un mouvement de poignet avant que ce dernier ne soit inhumainement tordu par le bourreau.   « P'tit enculé. Après tout c'que j'ai fait pour toi ? Tu vas foutre six mois en l'air pour quelques petites tapes ? T'as intérêt d'bien réfléchir avant de franchir cette porte, crois moi.   » aucune bribe de pitié ni de compassion dans ses yeux enragés...ils fixent le gamin meurtri sans mots, le regarde ouvrir la porte et lui glisser entre les doigts avant que ses poings déjà rougis ne repeignent les murs.