"Ne pas se fier aux apparences. Non, vraiment. Plutôt froid et inexpressif, d'un calme olympien à toute épreuve, Nao n'en est pourtant pas moins régi par ses émotions, du genre étonnamment sensible. Une remarque déplacée le blessera sans aucun doute et le fera se remettre en question, que vous le voyiez sur son visage ou non. Ce même visage est particulièrement impassible en présence d'étrangers, forcément.

Colère, joie, amusement, tristesse, il ressent tout ça et pense que les sentiments sont très importants, qu'ils ont une place prépondérante dans la vie de tous les jours. Ils ont quelque chose d'intriguant à ses yeux dans le sens où chacun ressent un événement de manière bien différente des autres, il le perçoit de son point de vue et une même émotion peut être décrite tellement différemment d'une personne à une autre.

Nao apprécie particulièrement l'humour noir et caustique. Il aime aussi dessiner tout ce qui lui passe par la tête, tout ce qui est beau (qui répond à ses propres critères esthétiques), les couleurs sombres, les courbes du corps d'une femme, le café noir et les sucreries.

Il n'est pas difficile lorsqu'il s'agit de manger. Il a une santé plutôt fragile et tombe souvent malade. Nao n'a rien d'une armoire à glace. Grand, il est loin d'être baraqué. Son corps est sain, il en prend soin, mais vous ne verrez pas de muscles proéminents. Les siens sont là, bien que vaguement dessinés seulement. Il ne se préoccupe pas vraiment de son apparence corporelle et pourtant porte un soin assez particulier à ses vêtements.

Le jeune homme peut parfois agir de manière étrange. Il n'a aucun problème à se socialiser mais en contrepartie, il a besoin de moments de calme, de moments de solitude où il se retrouve seul avec lui même. Il a commencé à apprendre le français quand il était au lycée avec un professeur particulier et intéressé et impliqué, il le parle aujourd'hui avec un bon niveau. Il est notamment passionné par le courant littéraire romantique français et la mise en exergue qui est fait par les romanciers de la mélancolie.

Nao déteste la violence et le thé vert, qu'il trouve bien trop amer, ou alors il ne le laisse infuser que très peu. Il a peur du vide mais s'y confronte volontairement parfois simplement pour ce sentiment de panique qui le paralyse et lui fait battre le cœur à tout rompre. Il a une sainte horreur de la voiture et a d'ailleurs une légère tendance à la claustrophobie.

Aider les autres, pourquoi pas mais ça dépendra de son humeur, de la journée qu'il a passé, de votre visage, de votre aura, si elle lui plaît ou non. D'ailleurs, si votre visage ou autre lui plaît, il n'hésitera pas à vous en faire la remarque, à vous dire que vous êtes beau ou belle, ou que vous sentez bon, le tout avec un visage normal. "

"Né dans une grande famille de la pègre japonaise à Tokyo, Nao aurait pu avoir une vie toute tracée. Il n'est cependant que le quatrième fils et ne sera pas l'héritier du Tōa-kai, le clan de la famille. Ses parents ont été plus laxistes avec lui qu'avec les trois premiers fils. Bien sûr, grandir au sein d'une famille à la tête d'une telle organisation implique des règles. Nao n'a jamais été réticent à l'autorité : il avait conscience que les règles qui lui étaient imposées étaient beaucoup plus permissives que pour les autres de ses frères. Ceux-ci auraient pu être rancuniers d'une certaine manière envers lui mais ça n'a jamais été le cas, avec aucun d'entre eux : le plus petit de la famille était toujours avide d'apprendre et écoutait religieusement tout ce que ses aînés pouvaient lui apprendre.

Vers l'âge de sept ans, il a cependant été enlevé. Le garde supposé veiller à sa sécurité n'a pas été assez vigilant et il a été emmené dans une voiture en pleine rue. Il est resté enfermé environ une semaine dans une cabane et la seule fenêtre qu'il y avait donnait sur des cerisiers en fleur. Il est resté scotché à cette fenêtre. Il n'est pas sorti blessé de cet endroit, simplement amaigri de par la sous alimentation. Il s'avère que c'était un groupuscule qui voulait se faire entendre de la grande famille.
Son côté calme s'est développé encore plus après cet épisode. L'enfant est devenu plus silencieux, parfois distant, et d'apparence froide même plutôt que simplement calme. Il a commencé à passer beaucoup plus de temps dehors, observant le ciel, les arbres, les animaux, écoutant le vent ou les bruits de la ville au milieu de la grande propriété traditionnelle de la famille. Il s'est mis à vouloir reporter sur papier tout ce qu'il voyait et dessinait ainsi régulièrement et au fur et à mesure, en grandissant, il continue à puiser ses inspirations dans les belles choses, notamment les merveilles de la nature, mais ne fait plus que recopier, son imagination donnant naissance à tout un tas de croquis, de pièces plus ou moins détaillées, réussies, toutes conservées, entassées dans des dizaines de carnets à dessin.

A l'adolescence, il est quelque peu à part de par ses hobbies étranges, son apparence froide. Cela lui confère cependant une aura mystérieuse qui heureusement pour lui attire les gens vers lui plutôt que de se voir être mis à l'écart par ceux de son âge. Il se fait des amis, il apprend et découvre d'autres choses, plus forcément aussi innocentes que pendant son enfance. Les premières fois en tout genre se passent les unes après les autres : alcool, sexe, drogues, .. C'est jeune qu'il se fait faire son premier tatouage, son père n'ayant rien contre cela, au contraire. Le tatouage est une tradition de la famille et à 18 ans, il se lance. Il se fait ainsi tatouer des fleurs de cerisier sur le flanc, le mouvement du vent de ses souvenirs rendu parfaitement. La douleur, le côté artistique et esthétique, le souvenir encré dans sa peau, l'expression personnelle qu'il représente, voilà autant de choses qui le rendent passionné par cet art.

Nao va se lancer lui-même dans l'apprentissage du tatouage. Convaincre sa mère a été le plus difficile dans l'histoire mais être le petit dernier a du bon. Il a ainsi fréquenté l'artiste attitré de la famille, a appris les techniques traditionnelles aussi bien que modernes. Il a rapidement fait ses tests sur sa propre peau. Il retire toujours une certaine satisfaction après chaque tatouage, même essai pas forcément concluant. Il prend ça comme une expérience nouvelle, comme une histoire que raconterait son propre corps au fur et à mesure de l'encre qui coule sous sa peau.

Après deux années à apprendre, Naoki veut découvrir autre chose et le lien que le clan a avec la Corée le guide vers ce pays. Sa mère veut qu'il continue ses études en vue d'obtenir un diplôme et il prévoit ainsi d'entrer à l'université dans le département des arts tout en découvrant une nouvelle culture et également de nouveaux artistes tatoueurs aux genres bien différents de ceux qu'il connaît. Le clan est implanté à Seoul de toute façon, où quelqu'un peut garder un œil sur lui constamment, juste au cas où. Il s'est fait après toutes ces années à cette ombre qui le suit en continu. Il n'y fait même plus attention.

Aujourd'hui, à 25 ans, il a son propre salon de tatouage à Seoul. Son corps est lui même encré par ses propres créations, ici une fleur, là un visage, plus loin une trace aux contours indistincts. Tout est sujet à faire de nouvelles expériences, et les possibilités les plus attirantes sont souvent liées au risque."