plus ; indépendante, souriante, artistique, patiente, excentrique, hyperactive, franche, sociable, attachante,

minus ; vulgaire, têtue, violente, sarcastique, sans attache, distante, grande gueule, rancunière, étourdie, maladroite, mélancolique,

Je ferme les yeux ; cet arrière-goût amer d’une nostalgie destructrice qui perdure à travers le temps. Parfois il me hante encore, il est là comme si je pouvais le toucher et finalement je n’y parviens pas. J’aime ma vie en Corée, c’est ma nouvelle vie, ma seule et unique à présent ; et comme un ordinateur, j’ai décidé de formater les autres informations antérieures. Je n’étais pas particulièrement riche ; je ne le suis toujours pas et j'étouffe dans cette seconde peau de mélancolie trop étroite pour mon existence. Je finirai probablement pas en crever.


Je suis ici depuis quelques mois, c’est mon pays natal pourtant j’ai boycotté Busan et les souvenirs qui restent dans une maison non loin de Haeundae. Je préfère la capitale ; c’est vrai, les gens ne sont pas aussi chaleureux qu’à Busan mais je m’y sens bien. Dans cette maison non loin de Haeundae, parce que vous devez être curieux de savoir ; j’ai perdu ma sœur jumelle, ma moitié, mon double. C’était un accident mais dans la précipitation quand mes parents m’ont vu, le cerveau veiné de stupéfiants. Est-ce que c’était de l’ecsta ? Coke, valium, hasch ? Ou alors un misérable spliff pour se sentir planer ? Je ne sais pas, ils ont décidé de me poursuivre et j'ai fugué en laissant tout derrière moi, j'ai même perdu mes chaussures. J'ai mis deux jours à arriver à Séoul. J'ai tout de suite mis les pieds dans un commissariat et le soir même mes parents étaient sur toutes les chaînes de Corée, aller simple pour la prison. J'avais sept ans.


J’ai été adopté par un couple sino-japonais et j’ai continué ma vie au Japon sans beaucoup d’ambition au départ. Je voulais simplement m’amuser ; j’ai grandi comme ça, en voulant m’amuser. Une enfant banale sans rêves particuliers ; c’est à l’âge de quinze ans qu’on me propose de devenir mannequin alors que ça n’avait jamais travaillé mon cerveau auparavant. Beaucoup de styliste alors bataillent pour m’avoir dans leur collection, c’est peut être là que je réalise l’importance de la situation dans laquelle je me retrouve bien que ce ne soit qu’une petite agence à Tokyo.


Dix-sept ans, c’est à cet âge que je le rencontre. Je n’avais rien à faire dans ce bar verre à la main. Frôler la majorité n’était même pas se rapprocher de la réalité. A cette époque, je ne réalisais pas l’impact que son existence aurait sur la mienne ; puis ça m’a frappé quand il a décidé de rompre en tombant sur ma carte d’identité, la vraie. L’âge n’était pas un réel sujet de discussion et ne semblait pas être un problème. J’ai mis des mois à l’oublier, tenter de l’oublier ; mon cœur s’est transformé en scène de crime et j'ai du nettoyer tous les dégâts toute seule après le carnage.


Le temps est passé comme l’eau a coulé sous les ponts ; on s’est revu par inadvertance dans la bibliothèque où il travaillait. Le monde n’a pas cessé de tourner pour autant et nous sommes devenus amis, c’est ce que j’ai voulu me persuader pendant des mois en fréquentant d’autres personnes. Puis j’ai eu dix-neuf ans, puis vingt ans et lui trois de plus. J’ai fait un premier pas vers lui et il est allé vers moi. Puis le monde s’est effondré littéralement comme pour me maudire ; tremblement de terre, dans cette bibliothèque. Je me suis réveillée quelques jours plus tard et il n’était pas là, il n’est pas non plus venu quand je suis sortie de cet hôpital. Plus rien. Beaucoup de personne ne s'en sont pas sortie, comme mon père, ma mère a perdu la tête en l'apprenant à son retour de son voyage en Chine. On a du l'interner, elle n'a plus jamais prononcé un mot


J'ai décidé de partir le mois de mai, mai 2016, mon contrat se terminait à cette période et je n'ai pas renouvelé. J'ai plié bagages et je suis partie avec Nana, ma meilleure amie ; mon seul et unique équilibre en ce monde, mon âmesoeur comme j'aime bien dire. Puis je me suis retrouvée ici, bataillant pour ramener ma mère dans la capitale pour avoir l'esprit enfin tranquille.